Le Donkourou est une fête baatonu qui précède celle de la Gaani soit 40 jours avant la Gaani. En langue baatonum, Donkourou signifie jet de feu. C’est également le nom du premier mois de l’année selon le calendrier lunaire. On dit souvent que la Gaani est celle qui marque le début de l’année, mais en réalité, c’est plutôt du Donkonrou qu’il s’agit. Le Donkourou est l’équivalent du dambadia ou wanka ka goungou au Mali et de Watan chara ou de wabouan handou au Niger selon une étude menée. Mais la différence qui existe entre ces fêtes et le Donkonrou, est le jet de feu. Alors que le Donkourou se manifeste par le jet de feu, les autres fêtes se caractérisent par le balayage. Ils balaient pour chasser les esprits mauvais et les malheurs connus au cours de l’année écoulée.
Significations et contexte
Le Donkourou se célèbre au début de chaque année selon le calendrier lunaire. En effet, après une année écoulée, il est important d’entamer une nouvelle sous de bons auspices, avec la bénédiction des Dieux. C’est donc ce pourquoi le Donkonrou est ponctué d’offrandes expiatoires, de sacrifices et de réjouissance populaire. Et au cours de ce mois rien ne doit être fait susceptible de déclencher la colère du wourou qui est le Dieu de fer. Le wourou est une des divinités les plus importantes en milieu bariba.
C’est aussi une fête qui succède toujours à la récolte de la nouvelle igname. En effet, comme un être humain, l’igname fait neuf mois sous terre avant d’être récolté. C’est donc l’occasion de remercier la nature pour sa générosité à l’égard de la communauté baatonu. Et pour reproduire cette générosité, une grande quantité de nourriture est préparée le jour du Donkonrou afin que tout le monde mange jusqu’à satiété.
Les rituels du Donkourou
Pour les rituels du Donkourou, une place est réservée dans la localité. C’est à cet endroit que les dignitaires consolident l’alliance entre la communauté bariba les pouvoirs invisibles présidant à la destinée des Baatombum. A Parakou par exemple, la manifestation du Donkourou se déroule généralement à l’esplanade culturel de la Radio Deeman. Pour éviter de revivre les mêmes déboires que l’année précédente, le rituel suivant est fait. D’abord un feu en paille est fait par la personne qui dirige la cérémonie.
Des incantations sont ensuite faites sur ce feu puis le dignitaire jette le feu en guise de purification. L’exercice est répété par tous les baribas présents sur le lieu de culte. Mais cette répétition suis un ordre hiérarchique bien établi. Le feu est jeté vers l’ouest pour que le soleil couchant emporte les malheurs de l’année écoulée et que le soleil qui se lèvera à l’est le lendemain apporte de nouvelles choses. C’est donc ce pourquoi, une fois le feu jetée à l’ouest, il est défendu de regarder encore à l’ouest. Pourquoi prêter attention à ce que l’on a plus. Se retourner est pour le Bariba l’expression d’un regret.
Cela étant, le maître de cérémonies donne les comportements à observer, les choses à éviter au cours de la nouvelle année ainsi que les prédictions. Il se dirigera ensuite vers une calebasse contenant une portion de purification et fera le rituel de purification. Ce rituel consiste pour le maître de cérémonie à se laver la main, la tête, le visage et d’autres parties spécifiques du corps avec la portion. Dès qu’il finit, les participants l’imiteront encore en observant toujours la même hiérarchie.
Voilà qui met un terme au rituel du Donkourou et qui fait place aux réjouissances populaires manifestées par la restauration, les chants, les danses et plusieurs jeux, etc .
La kayessi
La kayessi est le lendemain du jour du jet de feu. Pendant la kayessi, les réjouissances populaires continuent toujours. Ce jour, on vient saluer et faire allégeance au roi de la localité avec des cadeaux symboliques.
Le Donkonrou est également un moment de manifestation de la plaisanterie en parenté ou cousinage (une réalité existant au Niger , au Mali ou au Sénégal également par exemple entre les Sérères et les Toucouleurs). Elle se manifeste par des taquineries, des corvées (nettoyage, puisage de l’eau, lessive, vaisselle, etc) et le paiement de dîmes symboliques appelées abagobi ou wongobi. L’argent donné n’est pas remis directement dans les mains de l’intéressé. Il est jeté au sol et le bénéficiaire le ramasse en formulant des prières à l’endroit du donateur.
Le bénéficiaire peut également estimer que l’argent qui lui a été donné est peu et exigera qu’on lui donne en plus. La personne à qui est réclamé de l’argent doit essayer de négocier avec son créancier traditionnel pour qu’il se contente du peu. Autrement, l’autre peut le déposséder d’un ou des objets qui lui sont vraiment chers. Il va en souffrir mais ne pourra malheureusement rien lui faire. C’est la tradition ! Insolite n’est-ce pas ?
Le Donkonrou cette fête traditionnelle aussi intéressante que la Gaani semble être abandonnée peu à peu. Toutefois, depuis plusieurs années, Radio Deeman, l’Association des jeunes pour la promotion de la culture (AJEPEC, su dom sé), l’Institut culturel Baatonun et bien d’autres organisations conjuguent leurs efforts pour pérenniser la célébration du nouvel an baatonu.
Le festival Donkonrou est ainsi organisé dans la cité des Koborou pendant plusieurs jours. Ce festival est un moment de convivialité entre les baatonu, de promotion des produits artisanaux traditionnels, de rythmes et de danses traditionnels tels que le gbangba, le sinsinnou etc. Le festival se déroule à l’esplanade de la Radio Deeman. Radio Deeman est une Radio communautaire sise à Parakou, la ville phare du septention et qui fait la promotion de la culture et de la tradition. D’ailleurs le nom « Deeman » signifie en baatonu « Tradition« . Elle n’hésite pas à couvrir médiatiquement et à soutenir par tous les moyens les événements et initiatives s’inscrivant dans le cadre de la valorisation de la culture africaine.
Ne ratez pas les prochaines éditions du festival Donkonrou. Depuis plusieurs années, la fête de Donkonrou connaît un succès impressionnant dans la cité des Kobourou.
Visitez le Bénin pour vivre ces événements époustouflants de la culture baatonu.
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Et vous, avez-vous eu l’opportunité de participer à une fête du Donkonrou ?
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