La fête du Vodoun est une particularité dans le calendrier annuel du Bénin. Célébré tous les 10 du mois de janvier chaque année, elle fut instaurée en 1995, sous l’égide du Président Nicéphore Dieudonné Soglo, ancien président de la république. Son épouse, Rosine Vieira Soglo, a joué un rôle fondamental dans l’instauration de cette fête en ayant beaucoup œuvré aux côtés des rois et chefs traditionnels, afin que cela puisse être une réalité.
La loi instituant le 10 Janvier comme fête du Vodoun fut votée en Août 1996 et promulguée en en août 1997. Malgré les attaques dont elle fut l’objet, la fête du Vodoun, a traversé le temps et permet à la nombreuse communauté qui lui voue un culte, de célébrer les rites ancestraux et de consolider le développement culturel du Bénin.
Une fête qui consolide la culture
C’est le Festival Ouidah 92 qui jette les bases de ce qui deviendra la Fête du Vodoun. Cette dernière une fois instituée permet la consolidation du développement du Bénin en général et de sa culture en particulier. En effet, lors de la fête du Vodoun, tous les adeptes de toutes les divinités du Bénin d’une part et de partout ailleurs d’autre part convergent. Ce qui renforce le tissu culturel, vu que le Bénin est le berceau du Vodoun.
De plus cette célébration est un moment de rencontre entre les Béninois et les descendants d’Africains déportés durant la période sombre de l’esclavage, à travers une effusion collective et spirituelle. Ainsi, les Haïtiens, les Afro descendants Caribéens et Brésiliens ont une opportunité unique de se remémorer leurs origines communes, là où tout a commencé.
La fête du Vodoun joue également un rôle important dans la consolidation des fondements du développement du Bénin car au-delà du côté spirituel, relié aux sacrifices, aux rites et aux libations envers les divinités ancestrales, la célébration jette un œil sur l’apport de la culture dans le développement. La fête de Vodoun est enfin une occasion de rappeler que la tolérance entre les Hommes est le crédo pour obtenir la paix.
Une fête pas comme les autres
La fête du Vodoun puise ses origines dans un passé chargé d’histoire du Bénin, considéré comme le berceau de l’origine du vodoun.
Tous les 10 janvier dans les rues des villes de Ouidah, de Porto-Novo, de Sakété, de Kétou, etc., on observe des évènements particuliers. Des chants et des danses avec des manifestations sont le quotidien durant cette journée. Cris, fanfares, trompettes, tam-tams sont les notes que l’on décèle à peine entré, dans la ville de Ouidah. À Sakété, et dans le plateau on assiste à la sortie des divinités sacrées comme le « ORO ». À Porto-Novo ce sont les « Zangbeto » et leurs adeptes qui sont remarquables.
A Cotonou et dans d’autres grandes villes on assiste à une ambiance des jours de fête avec les « Kouvito ». De même, la circulation est dégagée et fluide sur les grandes artères. Plusieurs familles retournent dans leurs villages respectifs en vue de célébrer en communauté la fête des ancêtres. Avec le temps la fête du Vodoun est désormais perçue dans les esprits citadins, comme les autres jours fériés.
Une étudiante à Abomey-Calavi nous confie par rapport au 10 janvier au Bénin : « Je suis une chrétienne, mais j’ai de nombreux parents qui pratiquent le vodoun. Ils vont à l’église mais prient aussi pour les divinités vodoun. »
Ce qui souligne le syncrétisme qui devient l’exception, acceptée de tous, au Bénin.
Les divinités Vodoun
Le Bénin, ex Dahomey, était resté dans le déni de sa richesse culturelle et traditionnelle. En effet, durant la révolution marxiste des années 70, il était prohibé sur toute l’étendue du territoire de pratiquer les religions endogènes. Les pratiquants de ces cultes étaient persécutés durant de nombreuses années. Ce qui a joué un rôle dans la chute des adeptes du Vodoun, qui sont passés de première communauté à la deuxième puis troisième dans les années 2000.
Pour effacer ce passé tumultueux et peu honorable par rapport à l’histoire, le premier président de l’ère démocratique Nicéphore Soglo a lancé une vaste campagne de dialogue national avec les chefs traditionnels afin d’ériger une journée festive à une échelle nationale pour les adeptes Vodoun.
Aujourd’hui la célébration de la fête du Vaudou, au Bénin est à la fois une tradition, une philosophie, une langue, un état d’esprit, une musique, un art médical traditionnel, et des rites.
Le 10 janvier est l’occasion pour tous les vodounsi (adeptes) et vodoungan (prête vodoun), venu du Bénin et d’ailleurs (Amériques, Gabon, RDC, etc.) de se retrouver autour du culte de leurs divinités à Ouidah, ville située à 40 Km de Cotonou, à la plage de la célèbre « Porte du Non-Retour ». Parmi les divinités célébrées, durant le 10 janvier on retrouve :
- Mami Wata, la déesse de l’eau
- Les « Zangbeto », qui sont les gardiens divins de la nuit
- Ashina, le dieu du tonnerre
- Ogou, le dieu du fer
- Les « Kouvito », les revenants.
- Lègba : Intermédiaire des dieux, le dieu Lègba est l’un des plus important dans le culte vaudou au Bénin. Il symbolise les croisements et la réflexion. Il forme d’ailleurs avec la divinité Fâ, l’esprit de la connaissance et de la pédagogie de la culture Vaudou. Ses temples sont présents dans le centre et le sud du Bénin.
- Sakpata : Ou encore dieu de la variole et de la terre, il symbolise la guérison (de la maladie) et l’abondance pour ses fidèles. On retrouve les temples du dieu Sakpata au sud du Bénin, surtout à Abomey, Ouidah et Porto-Novo.
- Le Dan : En langue Fon, signifie le serpent python. Ce dernier est un animal sacré dont la chasse est strictement prohibée à Ouidah où son culte est très présent. Le dieu Dan aurait assisté à la création de l’Univers.
- Hêviosso : Symbolise l’orage dont il est le dieu. Il est également le dieu de la foudre et de la fertilité. Ses temples sont présents dans l’Ouémé et le Mono.
- La divinité Damballa : Le dieu de la connaissance
Témoignages de quelques adeptes
Alihonou est un ancien cadreur il affirme : que le 10 Janvier est inscrit dans sa tradition familiale depuis des années. Il perpétue la tradition en initiant tous ses enfants au culte de la divinité Mami Wata. Il poursuit en disant : « Mami Wata est ma divinité et ma mère. Elle est ma vie et je lui offre mes enfants et ma femme. Mami Wata depuis des lustres dans ma famille est présente. Elle nous garantit la sécurité et la prospérité. » Plus loin il ajoute : « Je vis très bien grâce à Mami Wata. Le 10 Janvier est l’occasion pour toute ma famille d’aller lui rendre hommage en lui présentant des offrandes à la plage. »
Quant à Coovi, charpentier à Ouidah, il estime que le : « La fête de Vodoun est l’occasion pour nous les adeptes de Vodoun et de Dan, d’être honoré. On se sent comme les autres pratiquants qui ont aussi leurs fêtes. Le Vodoun n’est pas négatif, au contraire c’est positif comme plusieurs religions. Je suis heureux et fier que mon pays ait adopté une journée uniquement pour nous, car ce n’est pas le cas ailleurs. »
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