Autrefois les africains, n’avaient pas besoin d’un bout de papier pour prouver leur identité. D’ailleurs à cette époque, l’écriture et le papier n’étaient pas connu. Il suffisait tout simplement de regarder les cicatrices se trouvant sur le visage de la personne face à vous pour en déduire son ethnie ou son origine. C’était donc grâce à la scarification que le bariba reconnaissait le peulh, le ditamari, le mandé etc.
C’était la pièce d’identité africaine même si certaines personnes avaient le privilège de ne pas se faire scarifier ou n’étaient pas autorisées à le faire (cela dépend de la conception que chacun a de ce phénomène). Aujourd’hui les temps ont changé. La pratique de la scarification est progressivement délaissée. Mais cela n’empêche pas pour autant de rencontrer plusieurs personnes scarifiées au Bénin.
Avez-vous envie d’identifier par les traits du visage qui est waama, qui est peul au nord Bénin, etc ? Commençons préalablement par expliquer le pourquoi de la scarification.
Pourquoi la scarification
La principale raison qui justifie la scarification d’une personne est l’expression de l’appartenance ethnique. A travers les cicatrices sur le visage et même parfois sur tout le corps, une personne indique à quelle ethnie elle appartient ou de quel milieu elle est originaire. Cela permet pour des personnes de même ethnie de se reconnaître facilement.
Cette reconnaissance sert positivement les relations interpersonnelles. Car quand une personne reconnaît les siens dans un groupe, elle a naturellement plus de considérations et d’égards envers ces derniers, et à l’aisance à leur rendre ou à leur demander un service.
Mais si afficher son identité procure le bonheur à certains, il fait également le malheur des autres. En effet, dans une Afrique caractérisée par une catégorisation de personne dans la société et de rivalités entre ethnies, la scarification a permis à certains d’avoir la vie sauve tout comme il a contribué à l’extermination de certains peuples. Dans les périodes de conflits entre royaumes, certaines personnes ont été même obligées de faire des scarifications propres à une ethnie à leurs enfants pour qu’ils ne soient pas tués.
La scarification en-raison de la maladie
En dehors de cette principale raison certaines personnes sont scarifiées pour des raisons particulières. Il s’agit surtout de la maladie. Déjà à l’enfance certaines personnes se retrouvent régulièrement malades. Face à cette situation, on fait des consultations auprès des fétiches. Ce sont ces derniers qui indiquent les traits de scarification à faire sur le visage de l’enfant.
La scarification en-raison de la protection
En dehors de la maladie, la scarification de certaines personnes se justifie par le simple fait, qu’elles ont été demandées auprès d'un fétiche ou qu'elles sont nées après plusieurs décès. En effet, certaines femmes n’arrivant pas à concevoir où accouchent des enfants qui décèdent, vont offrir des sacrifices à certains fétiches afin qu’elles puissent avoir des enfants. Il peut arriver que le fétiche leur impose une scarification à faire aux enfants qu’elles auront ou un prénom ou même les deux à la fois.
Une personne peut donc être membre d’une famille dans laquelle la scarification n’est pas pratiquée et se faire scarifier pour ces raisons.
Il est dit que certaines personnes issues de familles où la scarification est admise refusent parfois de se faire scarifier et sont attaquées par des maladies graves. Mais une fois scarifiée, elles guérissent.
Au nord du Bénin, la scarification permet de reconnaitre les personnes suivantes :
Les baribas
Les baribas : les scarifications chez les baribas sont nombreuses, mais toutes significatives. Chez les bariba, les scarifications peuvent se présenter sous la forme de trois traits sur chaque joue ou un trait oblique sur une joue ou sur chaque joue; de petits traits verticaux et quelques obliques en bas couvrant chacune des deux joues; quelques traits verticaux sur chaque joue et ayant la longueur de la joue (ce sont les koros qui font cette scarification). En réalité, les Koro ne sont pas des vrais bariba. Ils auraient quitté le le Burkina Faso depuis plusieurs années pour se retrouver dans les communautés baatonu. Ils se sont ainsi mariés avec les femmes baribas.
Les maané ou mandé
Maané ou Mandé : Tout comme les Koro, les maané ne sont pas des béninois d’origines, d’aucun disent qu’ils ont quitté le Nigéria et qu’ils seraient des haoussas (Ils existent plusieurs versions quant à leur histoire). Mais à leur arrivée, ils ont intégré les communautés baatonu et dendis. Ce qui fait que majoritairement, ils ne parlent que le bariba ou le dendi. Si la scarification semble être abandonnée dans d’autres ethnies, on a l’espoir qu’elle demeurera encore pendant longtemps chez les maané car l’on constate que ce sont eux qui perpétuent plus cette tradition au nord du Bénin. Cela s’explique peut-être par la simplicité de leur trait de scarification. Il s’agit en effet d’un seul trait vertical au niveau du front.
Les peuls
Les peuls : Il est très facile de reconnaitre les peuls par leur habillement et leur scarification surtout ceux résidant dans les campagnes et villages. Seules les femmes peuls ont des scarifications. Il s'agit de trois petits traits sur le visage. Mais généralement, on reconnait les femmes peuls par leur tatouage sur le visage.
Les otamaris
Les otamaris : les otamaris ou encore les bétamaribés sont l’ethnie la plus dominante du septentrion. Leur langue est le ditamari. Les bétamaribés pratiquent la scarification totale du visage. Il s’agit de fines rayures striant tout le visage et descendant jusqu’aux mentons.
Les waama ou waaba
Les waama ou waaba : peuple de l’Atacora, ils ont à peu près les mêmes cultures que les bétamaribès. Avant de faire scarifier un enfant, les parents consultent un fétiche qui leur indique le type de scarification qu’ils doivent faire sur le visage de l’enfant. Toutefois, il arrive que la scarification se présente sous forme de rayures comme chez les otamaris et un trait oblique sur une joue.
Les yom
Les yom : La scarification chez les yom se présente sous la forme de trois ou quatre balafres très longues sur chaque joue puis un trait sur une joue. Il peut s'agit également d'un seul petit trait vertical sur chaque joue.
La liste des scarifications des différentes ethnies évoquées n'est pas exhaustive. Mais avec les scarifications déjà évoquées, vous pouvez reconnaitre facilement un waama, un peul , un maané, un bariba, un otamari et un yom.
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Et vous ? Connaissez-vous les principes derrière la scarification et ses formes dans les ethnies du Nord ? Partagez-le en commentaire !
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