La tradition africaine regorge de pratiques séculaires parfois impressionnantes pour le non-averti mais toujours pleines de sens. Certaines de ces pratiques célèbrent un événement, une époque, d'autres ont pour but de célébrer des moments clés de vie. Cette célébration peut prendre la forme d'un rite ou d'une initiation à passer. Aujourd'hui, nous vous présentons l'une de ces pratiques, dans une ethnie qu'on retrouve pratiquement dans presque tous les pays d'Afrique subsaharienne et qui représente la seconde ethnie majoritaire du nord Bénin derrière le baatonu.
Significations et contexte de la Goga
Dans les sociétés traditionnelles africaines, le passage de l'enfance à l'âge adulte se fait suite à certaines cérémonies. Dans plusieurs sociétés, l'enfant ne devient adulte qu'après avoir été circoncis. Chez les peuls, en lieu et place de la circoncision du prépuce, c'est plutôt les coups de fouets envoyé avec fougue sur le torse nu qui font perdre le titre d'enfant et confère celui d'adulte. C'est la fête de la flagellation appelée goga.
Mais attention ! Ce rituel n'est pas pratiqué pas tous les peuls. Il existe des catégories bien déterminées de peuls qui le font. Notons également que la plupart des peuls sont musulmans. Et beaucoup ont délaissé les coutumes ancestrales en guise d'obéissance aux préceptes de l'islam. A tort ou à raison ? Impossible de nous prononcer sur ce qui relève du choix personnel. Toujours est-il que ce rite n'est pas pratiqué par tous.
La flagellation est surtout une manière pour ces jeunes d'affirmer leur courage et leur bravoure parce que culturellement un homme est censé être brave, endurant et courageux. Par ailleurs, en milieu peul, il est difficile de trouver une femme sans avoir subi la goga. C'est donc surtout pendant la flagellation qu'on essaie de séduire les jeunes filles qui ne manquent jamais d'être présentes à cette fête.
Autrefois un rituel hautement sacré, la flagellation est devenue également de nos jours une pratique de distraction et de convivialité entre les peuls. La fête de la flagellation ou "fête de la chicote" peut avoir lieu lors d'un événement qui peut rassembler tous les peuls de la localité ou lors d'un mariage ou d'un baptême ou un quelconque événement. Par-exemple, en 2009, la fête de la chicote a été organisée pour commémorer les trois années d'accession de Boni Yayi (le Président de la République alors en exercice) à la magistrature suprême du Bénin. La Goga est organisée par le chef des peuls de la localité ou sous demande de l'autorité traditionnelle de la localité.
Les préalables à la flagellation
Pour participer à la Goga, il faut être âgé de 15 ans minimum. Par ailleurs, deux personnes de même lignée ne peuvent s'affronter pendant la flagellation. Les organisateurs veillent donc au respect rigoureux de ce principe. Pour participer à la cérémonie, les jeunes portent des tenues efféminées et sont maquillés comme de jeunes filles. Avant d'être flagellé, le jeune homme subit une épreuve aussi douloureuse : c'est le port du cache-sexe.
Le cache sexe est fait d'étoffes tissées à la demande du père ou de l'oncle. Cette épreuve est soumise au jeune homme sans qu'il ne soit averti préalablement. Le jour du port du cache sexe, il est appelé dans une case ou l'attendent des gaillards. Une fois dans la case, il est attrapé et maltraité par ses jeunes gaillards. Et pour finir, on lui porte le cache sexe pour la première fois de sa vie. Auparavant il était enfant et nu, a présent il devient plus ou moins grand et connait la honte. L'épreuve du port de cache sexe est son précieux sésame pour participer à la Goga qui à son tour permettra de se marier dignement.
Le déroulement de la flagellation
La flagellation proprement dite se déroule en deux étapes : le darneteedí et le camacamali. Lors de la première étape, le jeune reçoit trois bons coups de fouets. Chaque coup a sa signification.
Le premier coup symbolise la douleur qu'il a éprouvé le jour où on coupait son nombril.
Le second coup symbolise la douleur éprouvée lors de sa circoncision.
Et le troisième coup est celui symbolisant la douleur éprouvée le jour du port du cache sexe.
Le darneteedi est ainsi achevé. Place maintenant à la seconde, le camacamali. Cette étape est l'étape ou les adversaires s'échangent à volonté des coups de fouets. Les fouets utilisés pour la circonstances sont choisies et apprêtés soigneusement pour se donner la chance de faire suffisamment mal à son adversaire. Et peu importe la douleur que le candidat peut éprouver, il ne peut pleurer encore moins renoncer à l'épreuve en cours du jeu. Autrement ça serait une très grande honte pour lui et pour sa famille. Car cet acte sera gravé dans la mémoire collective de la communauté.
Après la goga, le garçon devient ainsi un homme complet (comme on a l'habitude de le dire vulgairement au Bénin). On lui confie désormais la gestion du troupeau. Désormais, c'est donc à lui d'organiser ses jeunes frères pour s'occuper des troupeaux. Après avoir subi la flagellation, le souci du jeune peul est de trouver la fille avec qui se marier.
Comment le mariage chez les peuls se passe au Bénin ? Ce sujet est abordé dans un second article qui vient parfaitement compléter celui-ci et vous en apprendre sur les cultures du Nord Bénin.
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Et vous, connaissez-vous la Goga ? Avez-vous eu la chance d'assister à l'une d'entre elles ? Partagez-le en commentaire !
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